Jean-Claude Camus : "Personne ne remplacera jamais Johnny" ! Mais il lui a quand même trouvé un successeur...
Quand Johnny Hallyday n'est pas disponible pour une interview, vous pouvez compter sur Jean-Claude Camus, son ombre fidèle depuis 34
ans ("Johnny, c'est ma famille, c'est mon frère"), pour répondre aux questions.
Ainsi, samedi 18 octobre, alors que Johnny se préparait à monter, le soir, sur la scène du Nikaïa de Nice pour une nouvelle escale de
son Tour 66 d'adieu (désormais disponible en album, et bientôt en DVD, avec ses nombreux moments d'émotion), son producteur de toujours et ami intime avait fait l'aller-retour Paris-Nice pour consacrer deux heures à
neuf fans purs et durs dans le cadre d'une rencontre à l'initiative du quotidien régional Nice-Matin.
Une nouvelle occasion pour cet homme discret mais à l'exigence et à la rigueur de fer de dévoiler au grand jour sa facette débonnaire... et bien plus
- la faute aux questions bien senties des fins connaisseurs de Johnny qu'il avait en face de lui.
Retenant les termes de "générosité" et de "fidélité" pour qualifier
celui avec qui il "forme comme un vieux couple", Jean-Claude Camus se plait à constater qu'il ne peut nourrir aucun regret : "J'ai vécu une vie merveilleuse. Johnny m'a
apporté beaucoup. Son talent existait déjà quand on s'est rencontrés. Il aurait pu être une vedette mondiale. Sauf que ça marchait tellement fort en France..."
Il se souvient aussi que Johnny était ruiné lorsqu'il l'a pris en main : "Exact ! Johnny donnait tellement sans compter... C'est au moment
où il a eu son accident de scène au Zénith. On a reçu des messages de soutien, dont un de Laurent Fabius, alors Premier Ministre. Y'a pas eu de combine ni d'arrangement. On lui a juste permis d'étaler sa
dette".
Si, dans le passé, il confie que le seul artiste qu'il ait manqué est un certain... Jean-Jacques Goldman ("il était déjà
pris"), le retraité sans l'être a des vues sur l'avenir : mesuré quant à David Hallyday, "plein de talent" mais qui n'a peut-être pas "pris la bonne direction musicale", il croit fort en revanche, pour succéder à Jojo, en... Christophe Maé. "Je vis avec lui les débuts de
Johnny, n'hésite-t-il pas à affirmer, exalté. Cette présence sur scène, ce rapport avec les spectateurs... Aujourd'hui, les artistes ne fidélisent plus le public. S'il y a quelqu'un
qui doit continuer à bien s'installer, c'est Christophe Maé. Son sort va se jouer là, dans trois mois, avec son 2e album". Malin de piocher un petit gars de la même maison, qui assure justement les
premières parties de Johnny et dont il prépare la prochaine tournée !
Quant à ses souvenirs, s'il les partage sporadiquement, il se refuse à en tirer des mémoires, ce qu'il explique avec une louable loyauté : "Pour faire un gros tirage, il faut trahir. On m'a proposé des à-valoir en or, j'ai refusé. On ne peut pas avoir partagé autant de choses avec ces artistes, leurs joies, leurs peines, et d'un seul coup, tout
mettre sur la place publique...". Parmi ceux qui ont une place à part, il y a la rencontre décisive avec Michel Berger : "Johnny a surmonté sa timidité pour demander à Michel de
lui écrire une chanson. Berger lui a dit : 'Non. Je fais tout l'album ou rien'. Quelques jours après, Johnny est allé chez lui et Berger lui avait écrit Le Chanteur Abandonné". Ou encore : "ses cinquante ans au Parc des Princes. Pour son entrée en scène, j'avais eu cette idée folle de lui faire traverser le stade comme un boxeur qui rentre sur le ring (...) Le cordon de sécurité a
éclaté, et j'ai bien failli y rester (...) Après le concert, Jack Lang lui a demandé qui était le con qui avait eu une idée pareille. Johnny a dit : 'Le coupable est là', en me désignant.
Après, bien sûr, il s'en est attribué l'idée. Johnny, c'est quand même l'empereur de la mauvaise foi, il faut le savoir (rires)."
Et lorsqu'on lui demande si Johnny aurait existé sans Jean-Claude Camus, la réponse est à l'image du bonhomme - de la poigne et de la tendresse : "C'est bien simple : Johnny existera toujours. Mais à une époque, il avait beaucoup trop 'd'amis', et je l'ai aidé à mettre de l'ordre (...) Personne ne remplacera jamais Johnny
!" |